Procès requis contre deux jeunes soupçonnés d'avoir voulu s'attaquer à un bar de Génération identitaire

le 03/05/2024 à 05h00 par  Afp - Lecture en 3 min
Le parquet national antiterroriste (Pnat) a requis un procès contre deux jeunes soupçonnés d'avoir voulu s'attaquer à un bar lyonnais affilié au mouvement Génération identitaire, a appri...

Le parquet national antiterroriste (Pnat) a requis un procès contre deux jeunes soupçonnés d'avoir voulu s'attaquer à un bar lyonnais affilié au mouvement Génération identitaire, a appris jeudi l'AFP de sources proches du dossier et judiciaire.

Dans ses réquisitions notifiées le 19 avril, le Pnat demande que ces deux hommes, âgés de 17 et 19 ans au moment de leur interpellation, soient jugés pour association de malfaiteurs terroriste, apologie du terrorisme et, pour le plus jeune, aussi pour menaces de mort en relation avec une entreprise terroriste.

Les investigations, lancées en août 2022 en enquête préliminaire, s'appuient notamment sur l'infiltration d'un agent dans un groupe de la messagerie cryptée Telegram.

Les deux jeunes ont ensuite rencontré cet agent en pensant qu'il pouvait les fournir en armes, a précisé une source proche du dossier.

Lors de ces rencontres, le plus jeune confiait à l'agent ne pas savoir manier les armes automatiques, mais être déterminé à travailler pour financer leur achat, poursuit-on de même source. Le plus âgé précisait avoir voulu se rendre en Syrie mais, confronté à la difficulté de mettre en place ce départ, envisager une attaque sur le territoire.

Ces achats d'armes ne se sont pas concrétisés, relève une autre source proche du dossier.

Le mineur est aussi accusé d'avoir menacé sur les réseaux sociaux un sympathisant d'extrême droite de le décapiter et d'avoir créé un groupe sur Telegram nommé "l'Etat islamique français", selon l'une des sources proches du dossier.

Les deux sont aussi soupçonnés d'avoir eu des contacts avec des membres du groupe jihadiste d'Oumar Diaby, a ajouté la source judiciaire.

Interpellés dans les Yvelines en mars 2023, ils ont ensuite été mis en examen et écroués.

Tout au long de la procédure, ils ont assuré ne jamais avoir voulu passer à l'acte contre les cibles citées dans leurs échanges - des policiers, des militaires, des personnes juives, transexuelles, le bar identitaire lyonnais... - mais avoir voulu "impressionner" et "se donner une image", raconte l'une des sources proches.

Le plus jeune d'entre eux a été récemment placé sous contrôle judiciaire, après 13 mois de détention provisoire. "Sa prise en charge judiciaire a été efficace et a permis au mineur de comprendre la gravité des propos qui lui sont reprochés, même si une période de détention aussi longue apparaît contestable", a commenté son avocat Jean-Baptiste Riolacci. "Le placement sous contrôle judiciaire s'inscrit dans la continuité logique de cette prise en charge."

D'après l'une des sources, les équipes pénitentiaires et de réinsertion ont effectivement souligné son vrai parcours "d'introspection", notamment auprès d'un médiateur du fait religieux.

Les équipes ont analysé sa fascination pour la violence jihadiste par un besoin de "combler un vide" alors qu'il a grandi dans un contexte familial difficile et dans des quartiers précaires où il avait côtoyé "l'ultraviolence".

De son côté, le suspect a indiqué que "tout avait commencé" quand il avait visionné des vidéos des attentats de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, où un suprémaciste blanc a tué 51 fidèles musulmans. Le jeune aurait alors voulu combattre "les terroristes d'extrême droite".

Le Pnat a requis un procès devant le tribunal pour enfants à son encontre, et un devant le tribunal correctionnel pour le majeur. Il revient au juge d'instruction de trancher sur leur tenue ou non.

Contactée par l'AFP, Roxane Best, avocate du plus âgé, a indiqué solliciter le non-lieu pour l'infraction principale d'association de malfaiteurs terroriste et s'opposer à la disjonction des audiences.

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